Cinéma

« PERFECT DAYS » DE WIM WENDERS

Je ne connais rien au cinéma de Wim Wenders. J’ai vu « Paris- Texas » et « Buena Vista Social Club » mais sans la conscience que je regardais une œuvre de Wenders. « Perfect days » est donc pour moi une première avec la pleine conscience d’être devant une réalisation du cinéaste Allemand.

Avant tout, je tiens à dire que je n’ai aucune expertise en critique cinématographique. C’est simplement l’expression de mon émotion que je souhaite transmettre.

« Perfect days » a produit un « clic » dès que j’ai vu la bande annonce. C’est son esprit contemplatif, le bruit des arbres et le silence qui s’en dégageaient qui m’ont attirée.

Il est question d’imprégnation et de connexion à notre entourage silencieux auquel nous prêtons souvent si peu attention. Le héros du film, Hirayama, s’y plonge lors des pauses déjeuner ou même l’espace de quelques secondes qui lui font lever le nez de son travail. Il en profite toujours pour prendre une photo avec un argentique.

Hirayama parle peu mais parle juste. En écoute complète de ce et ceux qui l’entourent.

Sa vie est une routine quasi millimétrée, entre son travail d’entretien des toilettes publiques de Tokyo et sa passion pour le bouturage d’érables, les livres et la musique.

Et quelle musique! Quelle bande originale nous englobe, nous envahit. Le rock accompagne chaque jour Hirayama vers une nouvelle journée au volant de sa camionnette. Une musique qui l’habite, le fait vibrer, sourire, chanter!

Hirayama parle peu, sourit beaucoup. Même lorsque l’on se montre irrespectueux envers lui, il ne dit rien. Il laisse passer sans aucun jugement de sa part.

C’est un film sans intrigue. Du moins, c’est ce que nous croyons au départ. Et puis, de micros évènements, un regard de la part du héros, un personnage qui apparaît et soudainement je me suis posée la question:

Pourquoi Hirayama est-il ainsi?

Des bribes de réponses nous apparaissent alors, mais chaque spectateur est libre d’imaginer ce qu’il veut,

Enfin, j’ai aimé me retrouver en cet homme. Je suis de ces personnes qui marchent dans la rue passante en écoutant les oiseaux chanter, en apercevant mon premier vol de cigognes au printemps,

Mallorca, 2017- Photo personnelle

Je suis de ces personnes qui se pose la question

« combien de feuilles possède cet arbre immense. Et combien de feuilles y’a t-il sur notre planète, épines comprises?« 

Je suis de ces personnes en contemplation devant le mouvement des branches sous le vent,

En 2023, où le terme connecté est totalement lié à internet, Hirayama, lui, est en totale connexion avec son entourage, par tous les sens.

Lorsqu’il se baigne, je sens l’eau glisser sur ma peau.

Lorsqu’il mange mes papilles et mon odorat sont aux aguets

Lorsqu’il contemple, je me perd dans le vide majestueusement rempli de la vie.

Wim Wenders nous invite à lever le regard un instant, même lorsque la vie est injuste, dure, horrible car quelques parts elle ne cesse de faire grandir et de nous enchanter par des choses simples qui ramènent un peu de poésie et de philosophie sans même nous en apercevoir.

« Perfect days » m’a donnée la sensation que je suis branchée aux bons câbles. Des câbles faits de racines, lianes, nuages et plumes espiègles. Des câbles créés par les regards que nous portons les uns aux autres, les sourires échangés, les rires donnés, l’aide apportée.

Un film qui donne de l’espoir dans les moments les plus rudes.

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